Jenny [Pink Diary(Français)]

Comment as-tu fait tes débuts dans le dessin ? Qu’est-ce qui t’a poussé à en faire ?

J'ai toujours aimé dessiner, c'est mon meilleur moyen d'expression.
Vers l'adolescence, j'ai su que je voulais faire du dessin mon métier.
Après avoir étudié l'art plastique et fait l'école des Gobelins, j’ai
réalisé mon premier court métrage, puis je me suis engagée comme
animatrice pour Marathon Animation. Parallèlement, j’ai travaillé sur
le fanzine Chibimag, dans lequel j'ai souhaité faire quelque chose de
plus personnel. A l’occasion du Festival Delcourt 2004, j'ai monté un
dossier que j'ai montré à Thierry Jour de chez Delcourt, et il a
accepté de me publier.


C’est donc le fanzinat qui t’a servi de tremplin pour en arriver
au statut tant admiré de dessinatrice. Aurais-tu des conseils à donner
à tous les amateurs qui dessinent pour le plaisir mais qui rêvent d’en
faire leur métier ?

C'est grâce au fanzinat que j'ai pu m'épanouir et m'exprimer. Chez
Delcourt, ils cherchaient des talents. Il est indéniable qu'il faut
beaucoup bosser, c'est le fondement de base, et surtout il ne faut pas
hésiter à tenter sa chance. Il faut se manifester auprès des maisons
d'édition et se montrer le plus possible.


Un fan de Chibimag, le fanzine où tu as fait tes débuts, et
accessoirement rédacteur sur WebOtaku, nous a demandé si nous aurions
le plaisir de voir apparaître Aki Lenzo, Miss Chibimag 2004, dans de
futures planches de Pink Diary. Qu’en dis-tu ?

Je n'y ai pas pensé mais c'est une bonne idée, j'y songerai (rires).


Au niveau graphique, tu es donc proche du manga. Pourquoi avoir choisi cette voie ?

J'aime ça depuis toute petite. C'est l'un de mes cousins fan de
manga qui m'a initiée, après j'ai découvert le manga papier chez
Tonkam. Ce fut une révélation totale car je me retrouve dans ce genre
de BD. C'est pour cela que je fais aujourd'hui du manga.


Il me semble que les Gobelins ne sont pas tout à fait ouverts aux artistes manga…

En effet, le manga est mal perçu aux Gobelins, sauf par l'un des
membres du jury. Au vu de mon acharnement à faire cette école, le jury
m'a finalement laissé ma chance… et me voilà !


Tu fais partie de la nouvelle vague des auteurs français que
l’on classe dans le « manga français », un terme finalement assez
antinomique. Qu’est-ce que cette classification t’inspire ? Te sens-tu
à l’aise dedans ou bien as-tu une autre définition de ton style ?

Je n'ai aucun souci par rapport à ça. Je sais qu'il y a une
polémique, mais pour moi le manga est avant tout une BD de petit
format, en noir et blanc avec beaucoup de pages. Je préfère faire la
chose simplement et j'essaie de respecter au mieux les codes du genre,
sans me demander si c'est français, allemand ou japonais. Je fais du
manga !


Rêves-tu de voir tes bandes dessinées exportées, par exemple au Japon ?

Bien sûr, ce serait la consécration si je perçais en Europe et au Japon, c'est un rêve.


Delcourt annonce déjà le troisième tome de Pink Diary. En combien de tomes comptes-tu finir cette série ? As-tu déjà des idées pour la suite ?

Au départ, j'étais partie sur 10 tomes, mais le marché est
incertain, donc nous tablons plutôt sur 6 tomes. Mais si ça marche
bien, alors on fera les 10 tomes. J'ai beaucoup de projets en tête,
mais pas le temps de les réaliser car Pink Diary me demande trop de
travail.


Tu as choisi de situer le scénario de Pink Diary au Japon. D’où tires-tu ton inspiration et n’est-ce pas plus difficile que si ça avait été en France ?

Bizarrement non. Je n'arrivais pas à situer un endroit en France où
l'histoire puisse se dérouler. Pour moi, cela devait se passer au Japon
avec des Japonais. Je n'arrive pas à me situer en France. J'ai besoin
de m'évader, d'aller à la découverte d'autres cultures, c'est un réel
désir d'évasion.


Comment t’organises-tu avec ton assistant Riolait pour le travail ?

Mon assistant, c'est mon mari. Nous avons essayé plusieurs méthodes
de travail différentes avant de trouver la bonne. Je m'occupe du dessin
et du scénario, lui s'occupe des trames et de remplir les bulles de
textes. Il intervient plus du côté technique du travail. Nous devons
réaliser 15 planches par semaine. Il est donc important de s’imposer un
rythme particulier : par exemple lorsque je travaille sur le scénario
des prochaines planches, Riolait s’occupe de finir les tramages des
précédentes. On travaille du lundi au vendredi autant que possible pour
essayer de se ménager le week-end, mais il nous arrive de déborder,
notamment pour d'éventuelles retouches de dernière minute.


Riolait étant lui aussi dessinateur, a-t-il le temps de s’occuper de ses propres œuvres ?

Lui aussi dessine, dans Chibimag, mais il ne fait pas dans le style manga. Mais depuis Pink Diary il n'a plus le temps de faire ses propres oeuvres.


Peut-être qu’un jour il voudra voler de ses propres ailes… Comment cela se passerait-il pour toi ?

Je ne veux pas de nouvel assistant car il faut instaurer une
relation de confiance et ce n'est pas toujours facile dans les
relations humaines. Je ne me sens pas prête à prendre un nouvel
assistant. Sauf si cela devenait vraiment trop dur.


Pour finir, as-vous un message à faire passer ?

Si vous voulez percer dans la bande dessinée, il faut foncer, ne pas hésiter à se montrer et surtout bosser !