Audrey Diallo (Kairi)

Comment as-tu été contactée par Shogun pour devenir l’auteur de ce manga ?


En fait ce fut assez particulier. Monsieur Dorison, qui dirige la
collection Shogun, est mon professeur de scénario à Eurasiam. Durant la
première année, on nous demande de créer un scénario crédible et qui
fasse plaisir à nous et aux lecteurs. Le scénario que j’ai proposé a
été retenu dans le cadre du lancement de Shogun. On m’a ensuite
présenté une dessinatrice, et son dessin m’a littéralement tapé dans
l’œil, donc on a commencé à travailler ensemble.


Puisque tu mentionnes l’école Eurasiam, peux-tu nous en dire
plus sur cette école ? Quels en sont les cours, et quels diplômes et
débouchés peut-on espérer en fin d’étude ?


Je fais partie de la première promotion de l’école, donc on ne
connaît pas encore vraiment tous les débouchés. Personnellement, j’ai
pris le cursus Management et Art qui débouche principalement sur deux
possibilités ensuite : une licence ou une maîtrise. Moi je passe en
troisième année. Cette école est vraiment très récente, il y a plein de
possibilités.


En combien de tome as-tu prévu l’histoire de Kairi ? Y a-t-il
déjà un nombre de tome de défini ou espères-tu que ce soit une série
fleuve ?


Selon l’idée originale, 11 tomes. Au début c’était prévu comme ça mais ça risque de prendre un peu plus, on ne sait jamais...


Tu dis à la fin du tome avoir eu envie de faire un scénario
contemporain, et avoir choisi de le situer au Japon à cause/grâce à tes
études. Penses-tu que l’histoire aurait pu se passer en France ?


En fait comme je l’ai dit, au départ l’idée de scénario devait être
moderne, à cause du cours à l’école Eurasiam. Durant tout mon projet,
j’ai fais des recherches personnelles sur le phénomène des Ijimes
(souffre-douleur). Ensuite j’ai préféré prendre une héroïne japonaise
et un personnage français, afin d’avoir une vision de notre monde sur
celui des japonais. Mais attention, ce n’est pas une critique, juste un
point de vue. Ça me permet de voir avec des yeux proches des nôtres.


Comment s’est passée ta collaboration avec Janina Görrissen ?


Janina est une allemande qui vit en Espagne, elle travaille dans un
studio de dessinateurs. Je communique avec son supérieur, qui lui
transmet mes scénarii et un story-board, plus les références
importantes à connaître, comme ce qu’est un convini. Elle me renvoie un
crayonné que j’évalue et on voit ensemble les changements à apporter.


En tant qu’auteur, vas-tu jusqu’à story-boarder tes scénarii ou juste donner des indications ?


Mes story-boards sont plutôt détaillés car j’ai suivi des cours de
dessin à Eurasiam. On faisait quelques planches par semaine, et j’ai
aussi suivi des cours spéciaux sur le manga.


Dans Kairi, tu fais traverser à ton héroïne plusieurs événements
forts. Quel est celui qui te paraît le plus important ? La mort des
parents, la désobéissance, la « première fois » ?


Oui le moment fort de ce premier tome est certainement la mort des
parents, mais le fait qu’elle ait désobéit permet de plus travailler
sur l’aspect psychologique, de renforcer sa réflexion quant à sa
culpabilité vis-à-vis de l’accident.


Tu as choisi une héroïne japonaise et un héros français, est-ce que le contraire aurait put marcher ?


Je ne pense pas, même si le phénomène d’Ijime est mixte. La
prostitution existe plus en Asie qu’ici, donc ce n’est pas vraiment
transposable. Et l’approche n’est pas la même entre les garçons et les
filles. Les jeunes japonaises n’abordent pas le sexe de la même manière
qu’ici. J’ai remarqué que les jeunes filles ont un rapport double vis à
vis de cela, elles peuvent être prudes ou prendre du plaisir. Cela
existe partout mais là-bas c’est particulier.


Niveau dessin, le style est très épuré, offre très peu de décor,
tout est centré sur les personnages. Est-ce un choix de vous deux ou
est-ce parce que Janina préfère dessiner des personnages de cette façon
?


En fait le tome 1 est très orienté sur les personnages. Sur le
forum de Kairi, nous avons reçu des critiques sur l’absence de décors,
donc on va faire évoluer tout ça dans le tome 2.


Dans le tome 1, il y a des scènes qui ne sont pas à mettre devant tous les yeux…


Oui en effet, dans le tome 1 ce n’est pas justifié. Le problème de
la prostitution me tient à cœur mais n’apparaît pas encore dans ce
tome.


Et cela n’a pas eu de mal à passer devant ton éditeur ?


En fait on n’a pas eu de restriction. J’envoie tout à l’éditeur
pour vérification au cas où quelque chose serait difficilement
éditable. Kairi va rester dans Shogun mag Shôjo même si le contenu
dépasse le cadre du Shôjo. A la base, c’est un manga pour jeunes
femmes, entre Shôjo et Seinen.


En tant qu’auteur/scénariste, as-tu d’autres idées en tête que
tu voudrais voir concrétiser dans Shogun mag ou ailleurs, directement
chez les Humanoïdes Associés par exemple ?


En fait à l’école, on travaille en groupe sur un projet commun. On
ne sait pas trop jusqu’où ca va aller donc je ne peux rien en dire. Par
contre j’ai un projet personnel, celui d’un livre d’illustrations. En
fait ce sont des histoires que je racontais à ma petite sœur quand elle
ne dormait pas, donc j’aimerais me prendre au jeu du conte pour enfant.


As-tu reçu des lettres d’encouragement de fans ?


Je sais que certains me reprochent d’être méchante avec Kairi, donc
je vais essayer d’être plus tendre avec elle. J’en profite pour
remercier tous les lecteurs qui suivent la série.