Ji Di (Auteur de My Way)

Ji Di de son vrai nom Zu Ya-Le est une jeune artiste chinoise. Son premier recueil d'histoires, My Way, a très vite remporté un grand succès en Chine puis en France chez Xiao Pan, notamment grâce au soutien de Benjamin un auteur de manhua reconnu.

Depuis quand remonte ta passion pour le dessin ? Quel a été le
déclic pour faire tes débuts en tant que dessinatrice ? Apparemment Benjamin n'y est pas étranger...?


Quand j'étais jeune. Quand j'étais petite, j'adorais les dessins
animés, mais à l'époque j'avais seulement la passion et pas encore le
talent. Fin 2002, c'est le déclic. J'étais très pauvre et j'avais
besoin d'argent. J'ai donc mis des planches sur le web qui ont été
repérées par Comics fans (son éditeur chinois, ndlr). Benjamin m'a alors recommandée. Au début de toute cette aventure se situe ma rencontre avec la maison d'édition.


Comment expliques-tu ton succès actuel en Chine, sachant que ton style est vraiment très original ?


Je ne sais pas. Au début, quand j'ai présenté mon livre, la
première chose que j'ai demandé c'est : « ça peut se vendre ? ». Selon
mes fans, quand on lit la BD cela fait chaud au cœur...


D'où vient d'ailleurs ton style graphique ? As-tu des références particulières ?


Je suis très influencée par les impressionnistes (Corot, Chagalle,
Degas) et mon but est d'utiliser une peinture proche de la peinture à
l'huile.





Dans My Way, même si ce n'est pas très facile à retrouver, tu dis t'inspirer de ta
vie personnelle pour tes scénarios. Peux-tu nous en dire plus ?


Cela vient surtout de mon ressenti de la vie, de mon entourage et de mes amis, pas de moi directement. La première histoire de My Way volume 1 fut d'ailleurs écrite pour une amie qui était triste à l'époque, afin de la rendre heureuse.


A la lecture de My Way,
on ne peut s'empêcher de penser que tu aimerais vivre dans un monde
très différent, très coloré, où tout pourrait être possible. Tu ressens
le besoin de t'évader du monde réel ?


Dans la vie, ce type d'univers si particulier ne peut exister. Mais
cela peut constituer un moyen sympa de s'évader de sa propre vie.

Tes BD se rapprochent plus du recueil de nouvelles illustrées
dans lesquelles tu introduis une narration moralisatrice. Te sens-tu
plus proche de la narrations écrite ou illustrée ?


Je me sens plus proche du style des livres illustrés et j'aimerais
plus atteindre l'univers des contes. Je voudrais faire plus de texte
avec des illustrations pleine page. Quand à savoir de quel type de
narration je me sens le plus proche, je ne sais pas trop, je dessine au
feeling...





Que représente le héros pour toi ? Est-il une sorte d'alter ego de toi-même ?


Au début j'avais pensé en faire une fille, mais en fait il est
surtout là pour parler en mon nom. Le personnage de V représente mon
opinion.


Nous avons remarqué une grande évolution du design entre le tome 1 et les suivants. Penses-tu encore faire évoluer ton style ?


Je suis encore jeune et j'ai encore beaucoup de choses à apprendre.
On gagne toujours à apprendre et je gagnerai toujours plus de liberté
dans mon style. Pour le moment je me considère encore dans une phase
d'étude.


En quoi Benjamin a-t-il influencé ton œuvre, ton style ? Le seul point commun entre
vous qui saute aux yeux de nous lecteurs étant surtout le côté sombre
et désenchanté des thèmes abordés...


Benjamin a eu une grande importance pour moi. Pas dans le style graphique, mais parce que c'est avec l’œuvre de Benjamin que j'ai découvert la BD couleur et surtout le fait que l'outil informatique pouvait être d'une grande aide dans le rendu de la couleur. Mais le style graphique de Benjamin est très porté sur le réalisme, c'est en cela qu'il est complètement différent du mien.





Je crois savoir que tu voyages beaucoup. En profites tu pour t'en inspirer ?


Mes voyages constituent une grande influence pour moi car je
rencontre beaucoup de gens, notamment des étrangers, et je discute
beaucoup avec eux. En plus, l'aspect du décor est très important pour
moi. Les voyages sont en quelque sorte une découverte de soi. Quand on
voyage, on se rend compte que l'on est tout petit. C'est en dessinant My Way que j'ai tous les sous pour faire ces voyages !


Que penses-tu du public français après tes différentes tournées de dédicaces ?


Le premier point qui m'a frappé c'est le fait que les lecteurs
français sont beaucoup plus âgés, car en France la BD n'est pas pour
les enfants, contrairement à la Chine. En voyageant beaucoup, on se
rend compte que les gens ont les mêmes problèmes et ont un côté
chaleureux et joyeux que l'on retrouve partout.